Bordeaux Aquitaine Marine
Le Pilotage en Gironde au 19e siècle
1. PILOTES LAMANEURS.
extrait de Jouannet, F. - Statistique du département de la Gironde - Dupont, Paris
Les
pilotes
sont
institués
non-seulement
pour
secourir
les
navires
en
danger,
mais
encore
pour
les
préserver
des
périls
qui
les
attendent
aux
atterrages.
C'est
dans
ce
double
but
que
les
pilotes
de
la
Gironde
vont
tous
les
jours
battre
la
mer
et
attendre,
à
10
et
12
lieues
en
dehors
des
passes,
les
navires
qui
veulent
franchir
cette
dangereuse
entrée.
Nul
bâtiment
ne
peut
refuser
leurs
services,
excepté
les
caboteurs
pratiques
du
fleuve ; encore ne peuvent-ils jouir de cette faculté, quand l'armateur leur a fait un devoir de prendre un pilote.
Le
nombre
des
pilotes
est
fixé
par
le
ministre
de
la
marine.
Il
y
a
sept
stations
de
pilotes
;
cinq
dans
le
quartier
de
Bordeaux
:
Royan,
Saint-
Georges,
Blaye,
Pauillac
et
Bordeaux
;
il
y
en
a
deux
dans
le
quartier
de
Libourne
:
Bourg
et
Libourne.
Les
pilotes
de
Royan
et
de
Saint-Georges
sont
censés
ne
former
qu'une
seule
station
pour
le
pilotage
des
sorties
;
ils
le
font
à
tour
de
rôle,
tel
qu'il
est
réglé
par
les
chefs
des
pilotes
de
l'une
et
l'autre station, sous l'autorité du commissaire des classes du quartier.
QUARTIER DE BORDEAUX.
Stations
de
Royan
et
de
Saint-Georges.
—
Six
chaloupes
de
pilote
au
moins
doivent,
chaque
jour,
partir
de
chacune
des
deux
stations,
se
porter
en
de¬hors
des
passes,
tenir
la
mer
autant
que
possible,
et
aller
à
la
recherche
des
bâtiments
qui
veulent
franchir
l'entrée.
Les
chaloupes
mêmes
qui
sont
de
tour
pour
la
descente,
doivent
gagner
aussi
la
mer
au-delà
des
passes,
quand
les
vents
sont
évidemment
contraires
à
la
sortie.
Tous
ces
pilotes
peuvent
entrer
les
navires
qui
se
présentent
et
les
remonter
jusqu'à
Trompeloup,
où
les
pilotes
de
Pauillac,
avertis
par
un
signal
(1),
doivent
les
relever.
S'ils
ne
viennent
pas,
les
autres
continuent
de
monter
jusqu'à
l'île
Verte
:
là,
les
pilotes
de
Pauillac
sont
tenus,
sous
peine
de
punition,
de
venir
les
relever,
au
plus
tard
une
heure
après
le
commencement
du
flot
suivant.
S'ils
font
défaut,
les
premiers
continuent
de
remonter
jusqu'à
Bordeaux.
—
Quant
à
la
descente
des
navires,
les
pilotes
de
Royan
ou
de
Saint-Georges
les
prennent
exclusivement
au Verdon ou à Royan, et les mettent en mer hors des passes.
chaloupe pilote de Royan
Station
de
Blaye.
—
Ce
que
nous
venons
de
dire
des
pilotes
de
Royan
et
de
Saint-Georges,
pour
la
faculté
de
prendre
les
navires
en
dehors
des
passes,
de
les
entrer
jusqu'à
Trompeloup,
et
de
là
jusqu'à
l'île
Verte,
ou
même
jusqu'à
Bordeaux
quand
les
pilotes
de
Pauillac
font
défaut,
est
applicable
aux
pi¬lotes
de
la
station
de
Blaye.
—
Ils
descendent
exclusivement
les
navires
de
l'île
Verte
au
Verdon.
Arrivés
là,
ils
avertissent
par
le
signal
ordinaire
les
pilotes
de
Royan
et
de
Saint-Georges
;
s'ils
ne
viennent
pas
les
relever,
au
moins
à
la
marée
suivante,
ils
peuvent
sortir
le
navire
;
mais
descendus
devant
Royan,
ils
doivent
mettre
en
panne
et
attendre
encore
pendant
quinze
minutes,
si
toutefois
le
vent
et
la
mer
le
permettent
;
dans le cas contraire, ils continuent leur route et mettent le navire en mer.
Station
de
Pauillac.
—
Les
pilotes
de
cette
station
peuvent
entrer
les
na¬vires
de
la
mer
jusqu'à
Bordeaux
;
ils
sont
de
plus
chargés
de
remonter
tout
navire
depuis
Trompeloup
jusqu'à
Bordeaux,
et
ne
peuvent
le
quitter
qu'après
l'avoir
amarré
en
rade
de
Bordeaux,
à
la
place
que
leur
désigne
le
capitaine
du
port,
à
moins
que
l'armateur
ne
désire
que
son
navire
s'arrête
à
Bacalan
ou
aux
Chartrons.
Il
est
interdit
aux
pilotes
de
Pauillac
de
descendre
les
navires,
hors
le
cas
où
un
pilote
descendant
de
Bordeaux
et
arrivé
à
Trompeloup,
aurait
fait
inutilement
signal
à
la
station
de
Blaye
de
venir
le
relever
:
alors
le
pilote
de
Pauillac,
requis
par
celui
de
Bordeaux, peut conduire le bâtiment au Verdon ou à Royan.
chaloupe pilote de Royan
Un
tiers
des
chaloupes
de
pilote
sont
toujours
à
la
mer,
soit
pour
entrer
les
navires
qui
viennent
du
large,
soit
pour
sortir
ceux
que leur remettent les pilotes de Royan et de Saint-Georges.
Station
de
Bordeaux.
—
Les
pilotes
de
Bordeaux
jouissent
exclusivement
de
la
faculté
de
descendre
les
navires
jusqu'à
l'île
Verte,
entre
le
pâté
de
Blaye
et
le
Bec-d'Ambès.
Si
le
navire
piloté
doit
gagner
Pauillac
sans
mouiller
à
l'île
Verte,
le
pilote
rendu
au
Bec-d'Ambès
avertit
par
le
signal
d'usage
la
station
de
Blaye,
et
si
elle
ne
vient
pas
le
relever
avant
qu'il
soit
engagé
dans
le
pas¬sage
du
Pâté,
il
continue
sa
route
jusqu'à
Pauillac
ou
jusqu'à
Trompeloup
;
là
il
avertit
encore
la
station
de
Blaye,
et
laisse
le
signal
en
vue
jusqu'au
demi-flot
suivant
;
alors,
s'il
n'est
pas
relevé,
il
requiert
un
pilote
de
Pauillac
et
lui
remet
la
conduite
du
navire
jusqu'au Verdon.
Les
pilotes
de
Bordeaux
jouissent
aussi
exclusivement
de
la
faculté
de
conduire
les
navires
d'un
mouillage
à
l'autre
dans
la
rade
et
jusqu'à
l'île
Verte ; mais nul déplacement ou démarrage ne doit s'opérer dans le port et la rade sans la permission du directeur du port.
QUARTIER DE LIBOURNE.
Station
de
Libourne.
—
Les
pilotes
de
cette
station
descendent
les
navires
jusqu'à
l'île
Verte
devant
Blaye,
et
sont
relevés
par
les
pilotes
de
Blaye qui vont jusqu'au Verdon.
Station de Bourg. — Les pilotes de cette station remontent les bâtiments jusqu'à Libourne.
Le
nombre
des
pilotes
de
la
station
de
Libourne
est
de
huit
;
celui
des
pi¬lotes
de
la
station
de
Bourg
est
de
quatre;
les
cinq
stations
du
quartier
de
Bordeaux
en
ont
vingt
chacune
:
en
tout
112
pilotes.
Les
frais
de
pilotage
sont
réglés
pour
chaque
station
d'après
le
tirant
d'eau
des
navires, et selon qu'ils sont français, ou étrangers assimilés aux français, ou étrangers ne jouissant pas de cet avantage.
2. TARIFS DE PILOTAGE
extrait du Dictionnaire universel du commerce, de la banque et des manufactures – Paris, Dalahays, 1851.
Navires français. Pour les navires de 10 pieds et au dessous, chaque pilotage sera payé 27 fr. 50 c.
De 10 pieds 1/2, à 2 fr. 75 c : 28, 87 fr
De 11 pieds, à 2 fr. 75 c : 30, 25 fr
De 11 pieds 1/2, à 2 fr. 75c: 31, 62 fr
De 12 pieds, à 2 fr. 75 c : 33, 00 fr
De 12 pieds 1/2, à 3 fr. 50 c : 43, 75 fr
Tout bâtiment français qui calera au dessus de 12 pieds paiera 3 fr. 50 c. par chaque pied de tirant d'eau.
Navires étrangers. Pour les navires étrangers de 10 pieds et au dessous, chaque pilotage sera payé 40 fr. 00 c.
De 10 pieds 1/2, à 4 fr : 42, 00 fr
De 11 pieds, 4 4 fr : 44, 00 fr
De 11 pieds 1/2, à 4 fr : 46, 00 fr
De 12 pieds, à 4 fr : 48, 00 fr
De 12 pieds et demi, à 5 fr : 62, 50 fr
Tout bâtiment étranger qui calera au dessus de 12 pieds paiera 5 fr. par chaque pied de tirant d'eau ou marque, de quelque pays qu'il soit.
Lorsque les pilotes auront besoin d'une gabare de toue[1], elle sera payée en raison du nombre d’hommes qui l'armeront, et la gabare comptera
pour un homme ; les journées seront de 24 heures, et se paieront à raison du cours des journées simples, attendu que les hommes des gabares
sont nourris aux frais du navire. Il en sera de même des gens employés au dérivage des navires; ils ne pourront, les uns ni les autres,
abandonner le bâtiment que lorsqu’ils seront congédiés par l’officier commandant à bord, sous peine de perdre les journées qui seront gagnées,
et de toute autre le peine de droit et afflictive, s'il y a lieu, conformément à l'ordonnance.
Mouvement de la rade.
De Bacalan à un autre mouillage aux Chartrons ...10 fr.
De Bacalan à un autre mouill. au dessus ... 15
Des Chartrons en Queyries, pour y être à quatre amarres ... 10
De tout point de la rade à Lormont. ... 15
De Lormont à tout point de la rade. ... 15
De devant la ville à la Bastide ... 10
De la Bastide au devant de la ville. ... 10
Nota : Le nombre des pilotes-lamaneurs de Bordeaux et à la mer est de 20 par chacune des 5 stations de Bordeaux, Blaye, Pauillac, Saint-Georges et
Royan. Leur bureau est établi rue du Couvent, aux Chartrons.