Bordeaux Aquitaine Marine
La Marine à Bordeaux à l’aube du 17e siècle
extrait de l'Histoire du commerce et de la navigation à Bordeaux, principalement sous l'emprise anglaise - chap. XX - par François Xavier Michel, Bordeaux, 1867
Marine militaire à Bordeaux au XVIe siècle. — Siège de Blaye en 1592 ; carte du cours de la Gironde à cette époque. — Navires et
barques construits en Guienne à la fin du xvr siècle ; liste donnée par Antoine de Conflans et augmentée. — Jean Lopez, écuyer,
capitaine de marine. — Barques bordelaises mentionnées dans le gardenote des Archives de la Gironde; confrérie de Notre-Dame
de Montuzet. — Anguilles de Blaye ; carte du pilote saintongeais. — Difficulté pour sortir de la rivière. — La tour de Cordouan à la
fin du xvr siècle ; remontrance de la jurade de Bordeaux à Henri III. — Ordonnances de Louis XI relatives à l'amirauté de Guienne.
— Armement en guerre de plusieurs navires marchands pendant le siège de Blaye. — Jean de la Mothe nommé, en 1622, au
commandement d'un vaisseau flamand mis en réquisition à Bordeaux.— Les capitaines Gaillard, Blanquet, et autres pirates.
“Les galères du roi étaient souvent dans le cas de venir à Bordeaux, d'où elles remontaient quelquefois jusqu'à Preignac et plus
haut. En 1569, le baron de la Garde, amiral du Levant, passe le détroit de Gibraltar avec six de ces bâtiments et vient pour tenir la
rivière libre contre les courses des huguenots de Blaye qui arrêtaient le commerce. Pour le protéger, le maire et les jurats de
Bordeaux résolurent, à la fin, d'armer douze navires pour aller attaquer ceux des religionnaires. Déjà ils entretenaient six navires
bien équipés sur le port de cette ville ; et comme l'ennemi en avait aussi à Méchers, Talmont et Royan, le capitaine Cornet, de
Bordeaux, entreprit de les aller brûler.
Vers la fin du XVIe siècle, Bordeaux se vit au moment de recevoir la visite d'une flotte espagnole, véritable armada, bien faite pour
alarmer, par sa présence, le commerce de cette place, à peine remis des maux que lui avait causés la guerre. En 1592, à la
sollicitation des habitants de cette ville et des environs, le siège avait été mis devant Blaye. Jean Paul d'Esparbès de Lussan, qui en
était gouverneur pour la Ligue, infestait par des pirateries continuelles toute la Garonne, alors la rivière la plus marchande du
royaume. Comme on prévoyait que le siège tirerait en longueur, on fit de grands préparatifs; et non sans raison, car il durait encore
l'année suivante.
De Thou nous en donne la relation, mais ce n'est pas tout ce que l'on sait à ce sujet. Une carte du Musée Britannique fait connaître
le plan de Blaye, le nom et la position des navires anglais qui barraient la Gironde, et, ce qui est plus intéressant pour nous, le cours,
les sondages et les détails de la rivière depuis Bordeaux, antérieurement au grand Routier, pilotage et ancrage de mer, de Pierre
Garcie, dit Ferrande. Précieux sous bien des rapports, ce document le serait encore davantage, s'il donnait la figure de ces
bâtiments que l'on construisait alors en Guienne, et dont Antoine de Conflans, qui écrivait ses Faits de la marine et navigaiges vers
1520, parle en ces termes : "En la conté de Guyenne, comme... aux rivières de Charente, de Gironde, la couste d'Arcanson[1] ... les
navires qui y sont se nomment caravelles et barchcs grandes et petites, et s'est faict de grosses nefz, comme a esté la Charente, qui
a esté une des belles et bonnes nefs qui fust sur la mer; la nef de Rochechouart, la nef de Mgr des Cordes, la nef de Mgr de la
Trimoille, la nef de la Rochelle qui est de présent à Brest, et la nef de Bordeaux qui se périt devant Honnefleu; lesquelles nefs et
barches ont esté et sont de beaulx navires qu'ont faictes guerres sur mer. Et encores à ladicte coste de Guyenne a force autres
petits vaisseaulx, comme caravelles, clinquars, pinaces, balleiniers, gabares, etc."
Ce passage, emprunté à un manuscrit de la Bibliothèque impériale, a donné lieu à des observations consignées dans les Annales
maritimes et coloniales; mais le sujet est loin d'être épuisé, et nous l'aborderons à notre tour. S'il est oiseux de faire observer qu'il y
avait des caravelles bien ailleurs qu'en Guienne[2], il ne saurait l'être d'étendre la liste donnée par Antoine de Conflans, en y
ajoutant le Royal de Bordeaux, navire de trois cents tonneaux ou environ. En 1598, Jean Lopez, écuyer, capitaine de marine[3],
s'obligeait à louer ce bâtiment au roi, avec une patache de vingt-cinq tonneaux, l'un et l'autre armés en guerre, à de certaines
conditions stipulées dans l'acte. Plus tard, « Jean de Lopez, escuier, sieur de Sallebœuf, capitaine de la marine » devenait lieutenant
d'Emery Jaubert de Barrault, vice-amiral de Guienne.
Dans une liste des navires de la flotte française dans divers ports, avec la condition de chaque bâtiment, en 1631, il est fait
mention, pour Bordeaux, de six navires, dont trois de cinq cents tonneaux et trois de quatre cent cinquante, plus une petite
patache de quatrevingts. Ces bâtiments avaient été mis en construction à Bordeaux, trois ans auparavant, par un courtier nommé
Gassies, qui avait passé un traité à cet effet avec les officiers du cardinal de Sourdis. Sur la même liste figurent le Henry, de deux
cents tonneaux, qui stationnait sous le château et gardait la douane, le Saint-Louis et la Marguerite de Blaye, le premier de cinq
cents, le second de quatre cents tonneaux.
Les Archives du département de la Gironde nous révèlent encore la Louise de Bordeaux, chargée de pastel pour Londres, puis
vendue à des marchands de cette ville, suivant actes de Douzeau, des 17 novembre 1519 et 3 mars 1521; le Galion de Bordeaux,
dont un certain maître Arnault se disait capitaine, et qui naviguait plus tard vers la Biscaye chargé de pastel, de vin et de « douze
douzaines de tables et ung challit »; la Marie, navire du port de soixante tonneaux, employé au voyage de Terre-Neuve; la Jehanne
de Blaye et de Bourdeaux, la Marie encore, le Jacques, la Michelle, la Souveraine, le Bonaventure, la Jeannette, la Clémence, la
Françoise, le Luth, l'Anne, chargés de pastel par des marchands de Bordeaux, d'Albi, de Niort, de Rennes et de Burgos, ou de blé à
destination de Saint-Jean-de-Luz; la Marie des Chartreux, la Barbe, la Grimonde, la Catherine de Bordeaux[4], et la barque de
quarante à quarante-cinq tonneaux, appelée le Léon de Bordeaux, qu'un marchand de cette ville avait fait construire au Faou en
Bretagne.
Tous les bâtiments que nous venons d'énumérer ne paraissent avoir été autre chose que des caboteurs d'un faible tonnage,
incapables d'affronter la haute mer ; mais la marine de Bordeaux comptait encore des bâtiments de guerre, les uns appartenant à
l'État, les autres à des particuliers. Par exemple, le comte du Lude, lieutenant pour le roi à Bordeaux, en l'absence du roi de
Navarre, était possesseur d'un galion « délibéré partir au premier jour pour le service du roy » comme il est dit dans un acte de
Douzeau en date du 5 novembre 1552. Dans l'état d'hostilité où la France se trouvait vis-à-vis de l'Angleterre, il n'y a point à douter
qu'il ne s'agisse d'une course de guerre.
La chose est plus claire pour une patache nommée le Saint-Esprit de Bordeaux, dont on ne sait rien, si ce n'est que le capitaine
engage, le 6 mars 1558, par-devant le même notaire, un certain nombre d'hommes, « lesquelz ont promys et seront tenuz fere le
voiaige avecques ledict pataige pour faire la guerre contre les ennemis du roy par mer ». De son côté, le capitaine, en cas de prise, «
a promis et sera tenu bailher aux susdits deux payes de ce qu'ilz prendront » etc. D'autres actes du gardenote des Archives
départementales de la Gironde achèvent de montrer qu'il y avait à Bordeaux une population marinière toujours prête à
s'embarquer pour aller au nord ou au sud, et liée d'intérêts avec le commerce de cette place. On doit ranger dans cette catégorie
Guilhem Gué et Pierre Thibault, canonniers, qui, par acte du 9 juin 1552, se louent pour un voyage, au maître ou patron du Saint-
Esprit de Saint-Jean-de-Luz, moyennant, pour chacun, 2 écus d'or, payables au retour. Il est, en outre, stipulé que « sy durant, ledit
voyage et retour, il se fait aulcun abordaige, lesdits Gué et Thibault y auront le droict qui leur y peult apartenir à canoniers, suyvant
l'usance et mode de la guerre. »
Le butin fait sur un navire de Séville, appelé aussi Saint-Esprit, capturé par un corsaire de Méchers, vint bientôt fournir un puissant
aliment à l'ardeur naturelle que les Bordelais ressentaient pour la course. Ce navire renfermait de l'or non monnayé, des rubis,
pierres précieuses, diamants, « basine », une croix d'or garnie d'une chaîne de même métal, une pomme de senteur enchâssée
dans de l'or, « cuirs, canefistes, cif (suif), graines à faire ceintures, peaux de léopards » etc. La prise ayant été amenée à Arcachon, la
marchandise avait été déchargée et vendue par un gentilhomme nommé Jean Ronsard, et le maître du corsaire transportait, par
acte de Douzeau, du 4 février 1552, la moitié de la part qui lui revenait, à noble homme Gilles du Bruilh.
En continuant à recourir au gardenote des Archives départementales de la Gironde, on voit que la marine bordelaise employait
aussi des filadières, et que le convoi et contablie en achetait une pour le service de la patache stationnaire au devant de la ville de
Bordeaux, la même année où cette administration faisait l'acquisition de deux fraguates[5], sans doute pour la garde du littoral de
l'Océan. Les marins du port de Bordeaux composaient une confrérie de Notre-Dame de Montuzet, fondée en l'église de Saint-Remi,
et qui avait un compte et un boursier.
Antoine de Conflans nomme encore les anguilles, « qui sont, dit-il, une manière de vaisseaulx soubtilz qui vont de Blaye jusques à
Bordeaulx et autres lieux par la Gironde ». Nous avons déjà vu que cette espèce de barque faisait le service régulier du bas de la
rivière[6], et les patrons connaissaient sans doute assez bien les passes du fleuve pour les franchir les yeux fermés; mais les navires
anglais, hollandais, danois et autres, dont parle de Thou, étaient tenus à de grandes précautions, et c'est pour eux qu'un pilote
saintongeais avait dressé une carte pour aller « en la rivyere très-dengereuse de Gironde jusques à la noble et puisçante ville de
Bourdeaulx en Guyane ».
Il arrivait aussi que les navires étaient retenus fort longtemps dans les eaux du fleuve. Le grand prieur de Luppé du Garrané
rapporte qu'à son départ de Bordeaux, en juin 1624, il fut obligé de rester quatorze jours dans la rivière, tant à Blaye, Pauillac que
Royan, « à cause des mauvais tans, dit-il, quy ne nous permettoient pas de pouvoir desboucher ny par le pas de Grave, près de la
tour de Cordouan, ny par la grant passe de Matellier, quy est la meilheure et la plus frecquantée ».
Les dangers de tout genre que présentait la navigation de la Gironde[7], étaient augmentés par le mauvais état où se trouvait la
tour de Cordouan à la fin du XVIe siècle. En 1583, le maire et les jurats de Bordeaux, émus d'une négligence aussi préjudiciable au
commerce, adressaient à Henri III la remontrance suivante : « Plaira aussy à Vostre Majesté considérer que ores que les sommes
destinées pour la réparation de la tour de Cordouan, quelques soient, la plus grande partie d'icelles ayent esté levées et mizes en
mains de vostre receveur gênerai, ce neantmoins il n'a esté encore aucunement touché à ladicte réparation ny pourveu aux
préparatifs d'icelles, comme la nécessité le requeroit. Et de tant que l'argent destiné pour cest effect, pourroit estre emploié
ailleurs, au grand préjudice du public, plaira à Vostre Majesté ordonner inhibitions estre faictes aux sieurs trezoriers generaulx et
receveurs susdicts de ordonner desdictes sommes ou icelles emploier ailleurs que à l'effect auquel elles sont destinées : sçavoir est
à ladicte réparation, pour quelque cause et occasion que ce soit; et que le règlement estably par ces lettres patentes de Vostre
Majesté, sur la distribution desdicts deniers, sçavoir est qu'elle sera faietc par ung des sieurs presidens de la cour du parlement,
ung desdicts sieurs trezoriers et le maire de ladicte ville, ou, à son default, ung desdicts jurats, sera gardé et observé selon la forme
et teneur. Et neantmoins, afin que le commerce ne soit retardé et vos droicts diminués, pourvoir que au plus tost il soit procédé à
ladicte réparation sellon les moyens qu'il vous a pleu y establir[8] ».
On pourrait induire de ce qui précède que l'autorité royale ne portait que peu d'attention au régime de la mer en Guienne : ce
serait une erreur. Les lettres patentes de Louis XII sur les droits et la juridiction de l'amirauté de cette province, et d'autres lettres
de ce prince relatives à la même amirauté en ce qui concerne les naufrages, témoignent du contraire, au moins pour le
commencement du XVIe siècle.
Nonobstant toute cette marine bordelaise que nous venons de passer en revue, au siège de Blaye, le maréchal de Matignon, ayant
su que la flotte espagnole approchait, fit venir plusieurs navires marchands armés en guerre. Louis XIII en usa de même au siège de
la Rochelle. « Ayant résolu pour le bien de notre service, dit-il dans un brevet adressé à Jean de la Mothe, capitaine de marine, de
faire equipper et armer quelques vaisseaulx flamandz de ceux qui sont au port de notre ville de Bordeaux, pour opposer à ceux de
notre ville de la Rochelle et autres qui favorisent nos subjectz rebelles, en estant besoing de faire choix de quelque personne de
tallent et de capacité requise pour commander l'un desdits vaisseaulx, nous avons estimé ne pouvoir taire meilleure élection que
de votre personne ». En conséquence , le roi donne à Jean de la Mothe le commandement de ce vaisseau, appelé l'Arche de
Noé[9].
Cinq ans auparavant, il était parti de la Rochelle une expédition qui avait porté le trouble dans la navigation de la Gironde. «
Quelques factieux et ennemis du repos public » ayant conçu le projet de se rendre maîtres de l'embouchure du fleuve « pour
incommoder la levée des deniers royaux et voler à discrétion les vaisseaux qui fréquentent le port et havre de Bourdeaux, l'un des
plus célèbres de l'Europe » les capitaines Blanquet, Trelebois et Gaillard commencèrent par saisir ou rançonner les navires qui
montaient ou descendaient la Gironde. A la nouvelle de ces désordres, le parlement envoya le sieur de Laumont, exempt des
gardes écossaises, avec deux de ses archers, et un bourgeois de Bordeaux, auprès des gouverneurs de Blaye et de Royan, pour
s'assurer de leur concours. Laumont parvint ensuite à joindre Blanquet, en compagnie d'un échevin de la Rochelle porteur de
lettres tant du corps de ville que de la princesse douairière de Condé, et tâcha de le ramener au devoir; mais le forban ne tint
aucun compte des observations qui lui furent faites, de sorte qu'il fallut en venir aux movens extrêmes.
A la suite d'une délibération du parlement, M. de Barrault, vice-amiral de Guienne, après avoir visité les navires qui étaient dans le
port de Bordeaux, fit choix de l'un d'entre eux qui lui parut propre à lui servir d'amiral, et il lui en adjoignit quatre autres qu'il mit
en état, pendant que le duc d'Épernon faisait venir un cinquième bâtiment de la côte de Saintonge; « et les autres furent esquipez
et armez, ensemble deux pataches, par ledit sieur de Barrault, lequel donna le commandement sur le vis-admiral au sieur de
Salebœuf, son lieutenant en la vis-admirauté de Guyenne et capitaine de marine, et aux sieurs de Montignac et de l'Isle sur les
autres deux, et sur les pataches aux capitaines Massignac et Albert Gourdin. »
L'escadre de M. de Barrault se rendit d'abord devant Blaye, puis, toujours suivie de cinquante grands navires marchands qui
naviguaient sous sa protection, elle fit voile vers le port de Royan, vis-à-vis duquel les rebelles étaient avec quatre navires et trois
grandes pataches. Le premier jour il ne se fit rien; « mais le lendemain, au poinct du jour, ledit sieur de Barrault, aydé du vent sur-
oest, tourna la proue droict aux ennemis, lesquels, de rechef levans les ancres, gagnèrent la mer et s'esloignerenl tellement, à
cause de la tempeste, que ledit sieur de Barrault, ores qu'entré bien avant en mer, les perdit de veue. Et recognoissant Blanquet et
Gaillard causts (fins) et rusez, print resolution de mettre hors la rivière en toute seureté la flotte des marchands qui estoit
demeurée derrière, pour, après qu'elle seroit hors de tout danger, courir plus librement la mer, les isles et les rivières, pour
rechercher Blanquet et ses compagnons ».
Il l'atteignit enfin dans la rivière de Seudre, « qui est de difficile abord et dangereuse pour les grands vaisseaux » et le combat
s'engagea. Il se termina par la défaite des forbans, « lesquels furent mis et logez, le deuxiesme juillet, dans la conciergerie du palais
royal de l'Ombrière, et tous punis selon leurs démérites ». Le 7, le vainqueur rentrait à Bordeaux avec quinze bâtiments, y compris
ceux de l'ennemi, qui étaient menés en triomphe par des chaloupes[10]. Avant de terminer ce chapitre, plaçons un mot sur le «
passaigier ordinaire du roy, du port de la Bastide près Bourdeaux » d'autant plus qu'il n'en est pas question dans les statuts de cette
ville. Au milieu du XVIe siècle, le passager était un certain Mathurin Brochart, qui prenait en même temps le titre de chevaucheur
de l'écurie du roi, commun à lui et à Jean le Maistre, tenant la poste pour Sa Majesté à Bordeaux. La charge du premier passa
ensuite à Jean d'Aubarède, dit Moulinier : par acte de Douzeau, en date du 7 juillet 1559, noble homme Lienart d'Arse, serviteur de
Philippe H, lui rendait témoignage comme quoi il l'avait bien et dûment passé.
notes de l’auteur :
[1] Arcachon.
[2] Jean Chauderon, marchand de Bordeaux, comme facteur et actorné de honorable homme Henry Démons, charge à bord de la
caravelle la Sainte-Nonne de Penmark, à destination de Calais, vingt et un tonneaux de vin, auxquels il en ajoute douze pour son
propre compte. (Minutes de Bosco. 19 mai 1497). A son exemple, Arnaud Fort expédie pour le même port un nombre égal de
tonneaux sur une autre caravelle bretonne. (Minutes d'Arnaudeau, 16 septembre 1508.) Trois autres marchands de Bordeaux
chargent, pour la Zélande, quatre-vingt dix tonneaux de vin sur la caravelle le Christophe de Penmark. (Minutes de Bosco, 3 octobre
1497.).
[3] On disait encore capitaine marin.
[4] La cargaison de la Catherine de Bordeaux se composait de quinze tonneaux et demi de vin, de trois milliers de morue, « ung
millier moien et les deux petis. » de dix-huit barriques de sardines, d'une barrique de poyseaux, de deux pipes de biscuit, de quatre
pipes d'étoupes, de cinq câbles « et certains autres cordages, » quatre balles de vedelins, deux balles de chanvre, dix pièces aulone,
le tout a destination de Saint- Jean de Luz.
[5] Vente par Guillaume Lapeyre, maître charpentier de navires, habitant de Bordeaux, de deux fraguates à l'ancre a la Teste, avec
leurs apparaux consistant « en leurs grandes voiles, leurs mizenes. sibadieies, deux grapins, leurs cables, deux haussières, leurs
fargues, deux paracques, vingt-quatre avirons, un petit méchant pavillon avec son baslon, une bonnette de la grande et deux
gouvernails à chacune desdites fraguates, » etc. (Minutes de Couthures, 14 juin 1654, folio 298 v°).
[6] Une protestation, conservée parmi les minutes de Douzeau, à la date du 29 juillet 1539, donne une idée de la façon dont
fonctionnait l'anguille de Blaye et des services qu'elle rendait au commerce : sires Thadée Destrilhes, Jehanicot, dit Bason, et Jean
Ducasse, marchands et bourgeois de Bordeaux, remontrent à qui de droit qu'ils avaient trouvé devant le port de cette ville «
certaine anguylle à terre, et le pont d'icelle dehors, pour recepvoir les chevaulx des marchans et aultres, pour eulx mener et
pasager jusques au havre de Blaye. » Y ayant mis douze chevaux et requis à plusieurs reprises Jean Cotillon, l'un des mariniers, de
les mener jusqu'à ce port, en lui payant son salaire, celui-ci et son camarade Brice Gouyer s'y étaient refusés, sous prétexte qu'ils
avaient fait marché avec des gentilshommes flamands, et que M. de Villeneuve, jurat, chargé de la police de la rivière, leur avait
défendu, à peine de 300 livres d'amende, de passer ni mener d'autres personnes que les gentilshommes en question. De la,
protestation des marchands, il cause du « retardement de la fouyere de Fontané en Pouytou, lesquelz estoyent prestz d'aler a ladite
fouyere», etc.
[7] Parmi les minutes de Douzeau, on trouve, à la date du 9 juillet 1541, une transaction relative a l'abordage, par un navire breton,
d'une barque saintongeaise « pour lors estant sur l'ancre en la rivière de Gironde et au-devant la Rocque-de-Tau ; » et, plus loin, on
rencontre des mentions d'ancres perdues et repêchées dans le fleuve. 9 juillet 1541 et 1er décembre l551.
[8] Recherches sur Montaigne, etc. par le Dr J.-K. Payen, Paris, 1856, in-8°, p. 59.
[9] Monségur, le 18 mai 1625. (Archives de famille.) — On trouve, parmi les minutes de Couthures, un acte de vente par noble
Geoge de Carteret, chevalier, habitant de Ducev en Normandie, agissant lant pour lui que pour le sieur de la Mothe, écuyer, à MM.
de Nollot et le Blanc, directeurs du convoi et contablie de Bordeaux, du navire appelé le Saint-Patrice (31 janvier 1651).
[10] Discours véritable du combat naval et de la desroute des capitaines Blanquet, Gaillard et autres pirates et rebelles au roi,
faicte par M. de Barrault, comte de Blagnac... et vis-admiral de Guyenne, le dernier juin 1617. (Archives curieuses de l'histoire de
France, etc.. publ. par F. Danjou et M. L. Cimber, 2« série, t. II, p. 182-191.) — Nous n'avons rien dit des pirates espagnols, qui, dans
le siècle précédent, ayant couru la cote de Médoc jusque prés de Blaye. n'avaient pas eu un meilleur sort (Chronique bourdeloise,
folio 59 verso).