Bordeaux Aquitaine Marine
Le ponton-grue DRAVO de 90 tonnes de levage (1943-1983)
par Adrien ETCHEVERRY
Le ponton grue est construit en juillet 1943 à Wilmington en Caroline du Nord aux Etats-Unis, par le chantier DRAVO Corporation, pour l’U.S
Navy.
Quand les américains vont débarquer en Normandie pour venir nous aider à libérer
notre pays, ils vont emmener dans leurs nombreux bagages ce ponton grue. A la
libération de Cherbourg le 26 juin 1944, le matériel de levage portuaire est en très
mauvais état et ce sera le ponton grue DRAVO qui va effectuer de nombreuses
manutentions. Au départ, cette grue est donnée pour 110 tonnes et, autres que le
matériel militaire, elle va rendre de nombreux services pour du matériel civil. Il faut
redonner aux chemins de fer français la possibilité de fonctionner mais le nombre de
locomotives à vapeur a chuté à 6000 locomotives en état de fonctionner en octobre
1944 alors qu’en 1938 la SNCF en possédait 17959.
01 - Les locomotives 141-R sur le pont du navire avant d’être déchargées
Les américains vont utiliser au début le navire S/S GUDRUN MAERSK battant pavillon
Danois qui sera modifié pour transporter du matériel ferroviaire dont les fameuses
locomotives à vapeur 141.R fabriquées aux Etats Unis dont 1340 livrées à la France.
La grue flottante DRAVO de type DB 502 sera cédée par l’armée américaine à l’Union Commerciale Cherbourgeoise en octobre 1945. Après
la traversée de l’Atlantique, le GUDRUN MAERSK accoste le lundi 31 mars 1946 le long
du quai de la gare maritime de Cherbourg.
Pour débarquer les locomotives, le 1er avril 1946, le ponton grue DRAVO se mettra à
quai et le S/S GUDRUN MAERSK viendra s’accoster contre le ponton grue de façon à
avoir la prise de la locomotive au travers de la grue pour être soulagée avec un
palonnier spécial et ensuite être déposée sur les rails du quai de la Gare Maritime.
Il était nécessaire de tourner le navire à l’aide d’un remorqueur de telle façon que les
locomotives puissent toujours se trouver le plus près du ponton grue. La première
locomotive débarquée sera la 141.R.840 de 106 t.
On retrouve la DRAVO à La Pallice fin 1948 puis Bordeaux en 1949. Le problème de la
grue flottante DRAVO, c’est d’être non automotrice et d’avoir en permanence recours
à un remorqueur pour se déplacer. Elle possède un bel atout, c’est celui d’avoir des
moteurs Caterpillar qui entraînent des génératrices pour alimenter la grue et les
divers treuils d’amarrage. Son exploitation est beaucoup plus souple que la bigue à
vapeur et l’avantage de soulever 90 tonnes avec une cadence de levage et
d’orientation rapide.
02- (Archive Adrien Etcheverry). Plan de la grue flottante DRAVO d’après plan DRAVO
corporation n° 117441
Pour comparaison avec la grue flottante automotrice GARONNE et son palan de 60 tonnes, la DRAVO possède avec le 90 tonnes un guindant
de 29,57 m pour une portée de 31,85 m alors que pour le 60 tonnes le guindant est de 28,50 m pour une portée de 21,00 m. Malgré ses
avantages de rapidité sur la grue GARONNE, la DRAVO sera désarmée le 7 novembre 1983 suite au chevauchement des câbles de levage dans
le palan supérieur. Les réparations trop importantes et son exploitation onéreuse l’on sortie du Service de l’Exploitation de l’Outillage du Port
Autonome de Bordeaux. Elle va rester amarrer au bassin à flot n°1 jusqu’au début de 1990 où elle quittera Bordeaux pour l’Italie.
La grue flottante DRAVO avec ses remorqueurs La DRAVO au Terminal Conteneur du Verdon en 1977
par le travers des quais de Queyries