Bordeaux Aquitaine Marine
Le naufrage du ponton-grue de 30 t en 1942 et son renflouement en 1947
(documents François Jouison)
Les documents qui suivent ont été rassemblés par François Jouison. Nous y trouverons
successivement :
•
- un extrait du rapport du naufrage, le 4 décembre 1942.
•
- un rapport de la société Dragage et Sauvetage sur l'état d'avancement des travaux de
renflouement en juillet et aout 1947.
•
- un article du journal Sud-Ouest du 2 août 1947 faisant état de la découverte de douze
cadavres dans la coque de la bigue.
•
- quelques mots sur André Jouison, oncle de François qui était à bord.
Extrait du Rapport du 24 Décembre 1942 envoyé à la Direction des Ports
Maritimes et des Voies Navigables à Paris sur le naufrage du ponton-grue de
30 tonnes du PAB.
La bigue, ponton-grue flottant d'une force de levage de 30 tonnes, venait
d'effectuer un travail au voisinage du môle d'escale du Verdon pour le compte de la
Netzsperrgrupfe West, sur ordre de la Hafenkommandantur de Bordeaux. L'engin était
utilisé sous le régime de la location et non sous celui de la réquisition ; il avait été
démagnétisé à la diligence des autorités allemandes.
Le 04 décembre 1942 au matin, la bigue regagnait Bordeaux ; elle devait au passage
vérifier un mouillage à l'île Sans-Pain, un peu en aval de Blaye. A cet effet, elle utilisait le
chenal de rive droite de la Gironde. Elle se trouvait vers 10h. à 3 Kms en amont de
Mortagne et à 2.5 Kms de la rive droite du fleuve lorsqu'une explosion se produisit. Les
seuls témoins de l'accident sont des pêcheurs des environs et le matelot rescapé qui se
trouvait à ce moment-là dans le poste d'équipage.
Du fait de cette explosion, la mâture, la passerelle et la cheminée furent arrachées
; la bigue s'enfonça rapidement. Quelques minutes après, elle reposait sur le fond de vase
à la cote (-4) environ. Les pêcheurs qui se trouvaient dans les environs se portèrent
immédiatement sur les lieux de l'accident. Ils recueillirent deux blessés graves et le corps
d'un marin accroché à une épave. L'un des deux blessés qui paraissait avoir une fracture de
la colonne vertébrale est mort peu après avoir été débarqué dans le port de Mortagne,
l'autre fut immédiatement transporté à l'hôpital de Saintes ou il fut amputé d'une jambe et
quelques jours après de l'autre jambe. Son état, après avoir donné de vives inquiétudes,
est aujourd'hui aussi satisfaisant que possible. Aucun autre corps n'a été retrouvé à ce jour.
Il est probable que l'épave renferme encore ceux du personnel de la machine.
Les onze membres victimes de cet accident sont :
MM.
Couthures, Jules, patron David, Joseph, matelot
Oustalet, Alcide, mécanicien Courand, Léopold, matelot
Barbazan, Jean, chauffeur Jouison, André, matelot
Cazeaufranc, Michel, chauffeur Greay, Firmin, matelot
Campas, André, chauffeur Cassoubedat, Bertrand,matelot
David, Pierre, matelot
Ils étaient tous mariés et laissent au total 16 orphelins. Ils constituaient une équipe
sélectionnée parmi les marins du Port Autonome spécialement remarqués par leur
compétence et leur dévouement. Depuis deux ans ils fournissaient un labeur incessant,
dans des eaux minées, où des accidents s'étaient fréquemment produits. Tous avaient tenu
cependant à demeurer à leur poste, malgré ces conditions de travail périlleuses.
Le relevage de l'épave a été immédiatement envisagé. Il posait des problèmes
délicats par suite du manque de personnel d'exécution compétent – la seule équipe du
Port Autonome qualifiée pour des travaux de ce genre était précisément celle de la bigue – et de matériel approprié. Une
reconnaissance aussi détaillée que possible a été faite le 22 décembre. Elle a permis de
constater que l'épave est encore d'un seul tenant, la mâture complètement arrachée de
l'engin se trouve à une vingtaine de mètres en aval ; des câbles et chaînes se trouvent
toutefois accrochés à la fois à la mâture et à la coque et devront être coupés afin que le
relevage soit possible. Ce dernier ne semble présenter en soi aucune autre difficulté
particulière.
Le port Autonome s'est acquis le concours de l'armateur d'un petit bateau de
travaux qui possède notamment un matériel de scaphandrier. D'autre part la marine
allemande est d'accord pour faire procéder à un dragage très poussé des mines de toute
nature qui pourraient se trouver dans les environs. Ce dragage est indispensable avant
que soit envoyé sur place un matériel important, amené à se déplacer sur une surface
étendue.
En conclusion l'opération ne sera effectuée qu'en 1947. En mars 1943, la marine
allemande faisait connaître qu'il était impossible d'effectuer la recherche de mines entre
Mortagne et Blaye. Décision fut prise d'annuler l'opération plutôt que de tenter une
mission risquant d'entraîner un nouvel accident.
André Jouison était à bord. Il était né le 31 juillet 1912 et avait navigué sur les bancs de
Terre-Neuve à bord des goélettes. Il avait effectué son premier embarquement sur le
paquebot "Europe" des Chargeurs Réunis.
Etat d'avancement des travaux pendant l'été 1947
Dragage et Sauvetage
A. ECUYER
105, avenue des Semis - Royan
“Le renflouement serait effectué en deux échelons. Le premier consisterait à conduire à
Blaye, de préférence sur le banc du Pâté, qui découvre complètement, ou sur un autre
mieux approprié que l'on trouverait en cours de route, l'épave que l'on pourrait dévaser
convenablement loin des curieux et déterminer l'importance de la brèche ainsi que de prévoir à une réparation de fortune.
Le deuxième échelon consisterait à amener le bateau à Bordeaux, soit en l'ayant fait flotter, sinon suffisamment suspendu pour
permettre sa montée sur un railway ou entrée en cale sèche”.
Etat des d'avancement des travaux de renflouement en Gironde au 31 juillet 1947 (extraits)
Emplacement : Estuaire de la Gironde (Mortagne)
Nom du navire : Bigue de 40 tonnes du PAB
Entreprise chargée des travaux : Ecuyer
Etat d'avancement : La bigue a été relevée le 19 juillet et transportée à Blaye pour dévasage
Etat d'avancement des travaux de renflouement en Gironde au 31 août 1947 (extraits)
Emplacement : Estuaire de la Gironde (Mortagne)
Nom du navire : Bigue de 40 tonnes du PAB
Entreprise chargée des travaux : Ecuyer
Etat d'avancement : L'épave s'est cassée après des essais de reprise - Travaux considérés comme terminés.
André Jouison était à bord. Il était né le
31 juillet 1912 et avait navigué sur les
bancs de Terre-Neuve à bord des
goélettes. Il avait effectué son premier
embarquement sur le paquebot
"Europe" des Chargeurs Réunis.