Bordeaux Aquitaine Marine

Journal d’un ambassadeur anglais à Bordeaux, en 1442

Extrait d’un manuscrit de l’Ashmolean Museum de Greenwich (MS789), publié avec traduction de MGB en 1842 (Téchener, Paris, 1842).

Le contexte - Nous sommes à la fin de 1442. Le contexte de la mission de Thomas Beckington, évêque de Bath, est délicat. Au

départ il venait pour négocier le mariage du Roi d’Angleterre, Henri VI, âgé de 21 ans, avec l’une des trois filles de comte

d’Armagnac en querelle ouverte avec le roi de France. Dans le même temps ce dernier envisage de rallier le roi de France et fait tout

pour ralentir l’ambassade, ce qui explique le séjour de l’évêque à Bordeaux. Les nouvelles sont en effet mauvaises pour le camp

anglais, alors que les français augmentent leur pression pour les chasser et le comte d’Armagnac veut jouer du côté des gagnants.Ce

court récit est le journal de bord du chapelain qui faisait partie de sa suite. On y découvrira ainsi la vie quotidienne au Moyen-Age.

Il est accompagné de deux notes du traducteur sur les mœurs de la marine anglaise de l’époque.

1. Le journal

Juin 1442

V. L'an de notre seigneur 1442,le mardi, cinquième jour de juin, son excellence monseigneur Thomas Bekynton, secrétaire du roi notre sire Henry VI, vint de Windsor à Henley-sur-Tamise, où il soupa et passa la nuit. Il avait avec lui maitre William Say, maître Ralph Leyg, officier de la maison du roi, et Thomas Leyg. Le matin, à la seconde heure, Thomas Daniel vint trouver monseigneur le secrétaire pour affaires du roi. VI. Mercredi, monseigneur alla à cheval jusqu'à Sutton. VII. Jeudi, dîné à Abingdon avec l'abbé qui était évêque de Salisbury, soupé à Sutton. VIII. IX. Vendredi, à Sutton ; samedi, dîné à Sutton, couché à Bedwin. X. Dimanche, à Bedvvin ; John Water vint pour affaires du roi. XL Au même endroit ; John prêta serment. XII. A Devizes ; monseigneur s'entretint avec le lord de Hungerford, il soupa et coucha chez le maire de la ville. Ralph Leng et John Water retournèrent près du roi à Bedwin. XIII. Din à Beckington ; lord Hungerford envoya deux grands flacons de vin. Soupé à Wills. XIV. Dîné au même endroit avec J. Bernard. Dans l'après-midi monseigneur but avec le chantre, et fut installé dans le chœur pour sa prébende ; Il soupa à Glastonbury, avec l'abbé, qui prêta à monseigneur un cheval. XV. Dîné au même endroit, couché à Taunton. XVI. Dîné à Enmore avec Edward Hull ; sa seigneurie eut avec lui une conférence sur l'état de la Guienne. Avec lui étaient W. Say, J. Blageney et J. Say, et un domestique pour chevaux ; tout le reste à Taunton où sa seigneurie coucha. XVII. Passé la journée au même endroit couché à Tiverton. XVIII. An château du comte de Devon où monseigneur dîna ; après diner il se rendit à un des manoirs du comte, nommé Comb John ; ensuite il fut sur la route d'Exeter, où il soupa et passa la nuit. XIX. Au même endroit, dine avec maitre J. Colgorn, le doyen. XX. Avec maitre John Snetesham monseigneur dîna avec le chancelier. XXI. A l'auberge. Aujourd'hui, il fut envoyé de Tiverton un chevreuil à monseigneur. XXII. An même endroit, dine avec le frère Curteys. XXIII. Au même endroit, dine avec maitre W. Browning, le prébendier. W. Say et Th. Chamberlain furent de retour aujourd'hui. XXIV. Fête de la nativité de Saint-Jean-Baptiste. Sir Robert Roos vint le matin ; monseigneur dîna avec J. Stevens et soupa avec Richard Merton. XXV. Au même endroit, dîné avec sir Richard Hillier, l'inspecteur ; soupé avec J. Wadham, shériff du comté de Devon. Après souper, Roos se rendit à cheval à Powderbam et passa la nuit chez sir Philippe Courtenay. XXVI. Déjeuné avec ledit Courtenay, dîné à Chudleigh avec l'évêque d'Exeter, soupé à Ashburton où John fut congédié avec Alice ; Thomas tomba malade ; il rejoignit plus tard à Plymouth. XXVII. Diné à Plymton, avec le prieur ; soupé à Plymouth, chez Thomas Hill, aubergiste. XXVII. Au même endroit. XXIX. Au même endroit : M. Adrien vint et nous donna une pièce de vin blanc ; et N. Huse partit à deux heures du soir, avec divers articles pour aller trouver le roi. XXX Au même endroit.

Juillet

I. II. III. Au même endroit. Le prieur de Plympton envoya un saumon et deux ou trois poulets. IV. V. A Plympton chez le prieur. VI à IX. A Plymouth. L'évoque reçut une lettre du roi qui lui prescrivait de faire faire deux portraits bien fidèles de chacune des trois filles du comte d'Armagnac, en indiquant leur taille, la couleur de la peau et tous les traits : un de ces portraits devait être sans délai envoyé à Sa Majesté. X. A six heures du soir, embarque à bord de la Catherine, navire de Bayonne. XI. XII. XIII. A la mer; un poisson que nous crûmes un requin, poursuivit le navire ; atteint de deux coups de harpon il ne nous quittait pas ; le capitaine le perça enfin avec le harpon. Pour obtenir un vent favorable, monseigneur fit un vœu a Notre-Dame d'Eton ; le reste de l'équipage en fit autant on chanta l'antienne sancta Maria ; aussitôt le veut tourna au nord et ne cessa de souffler de ce côté. XIV. Au soir, le navire entra dans la Garonne. Il vint à bord un détachement de soldats du château de Royan, à l'embouchure de la rivière ; l'on nous apprit que le sénéchal de Bordeaux était fait prisonnier. (Il était tombé, avec la ville de St-Sever, au pouvoir des Français) XV. Le capitaine du château de Castillon vint à bord le matin et nous confirma la capture du sénéchal. Vers deux heures, Nicolas Dryver, prévôt de Bordeaux, passa près de nous dans un petit navire se rendant en Angleterre. XVI. A une heure après midi, sa seigneurie, R. Roos et tous leurs domestiques débarquèrent à Bordeaux, et déjeunèrent chez sir Robert Ctyfton, connétable du château, et soupèrent à l'auberge. XVII. Au logis depuis le matin et reçu les seigneurs du pays ; diné avec Gailard Short-Hose ; soupé avec le maire de la ville. XVIII. A l'église St-André : l'archevêque fit connaître au peuple, dans la langue du pays, le contenu des lettres du roi qui avaient été montrées aux seigneurs dans le conseil la veille. Diné à l'auberge. XXII. Dîné chez l'archevêque. XXIII. Dîné avec t'évêque de Bazas : il donna à Monseigneur une pièce de vin blanc. XXV. Diné chez Bernard Angevin. L'archevêque s'embarqua à trois heures du soir. La veille, Monseigneur avait, avant dîner, assisté au conseil, et avait fait à cheval le tour de la ville, inspectant les travaux des nouvelles fortifications. (L'ambassadeur écrivit ce jour-là au roi ; il lui peignit la position de la Guienne : elle était critique ; Charles Vll et le dauphin étaient en personne à la tête d'une forte armée, occupés à faire les sièges de Bayonne et de Dax. Saint-Sever avait été pris d'assaut ; les troupes françaises étaient à une journée et demie de Bordeaux, qu'elles pressaient, à la fois du coté des Landes et du côté de la Dordogne ; les partisans de la domination anglaise étaient consternés.) XXVIII. Soupé chez le chantre de l'église de Saint-André. XXX. Dîné chez le doyen de Saint-Jacques.

Août.

I. Vers deux heures après minuit, 130 Français arrivant de Royan dans six gabares débarquèrent à Bordeaux et capturèrent un gros navire sans éprouver de résistance quoique beaucoup de gens les eussent vus. En se retirant, ils prirent encore un petit bâtiment chargé de vin et de blé, mais, du côté de Blaye T. Scot, avec des gens du pays leur donna la chasse, et les deux navires furent repris. Il y eut de chaque côté une vingtaine de morts. X. Une lettre fut envoyée au roi et remise à un vieux pèlerin ; elle était écrite sur un morceau de parchemin, et elle fut cousue dans la robe du messager. ( Le but de cette lettre était de réclamer de prompts secours. Les Français menaçaient de plus en plus Bordeaux, où il y avait division. ) XII. Dîné avec le clerc de la ville. XIII. Monseigneur alla à cheval à la tour St-Thomas, et le long des murailles, et il rencontra le captal à la Roperie. XIV. Le captal, R. Roos, sa seigneurie et les autres conférèrent ensemble dans l'église St-Pierre. B. Angevin donna à sa seigneurie 12 oies, 12 chapons, 30 poulets ; Blake donna 9 pigeons et Bernard de Groos, 2. XV. Monseigneur alla avec le captal à l'auberge de M. Roos, où il dîna. Après midi, au château, M. Roos fut élu régent. XIX. A dîner, M. Roos, le régent et les autres, et M.Guillautine, auquel le régent envoya quelque vin nouveau appelé le Must. Le régent passa en revue les bourgeois armés. Il y avait deux cents hommes d'armes munis de lances, et beaucoup d'autres armés pour la défense de la ville sur les murailles et dans les tours, avec des canons et autres objets nécessaires. XXI. Dîné avec Guillautine. XXV. Diné avec Tirell et Savage. Le captal passa en revue 70 lances. XXXI. Le régent s'embarqua à midi pour St-Macaire.

Septembre,

II. Dîné avec A. de Garros, soupé avec Janecot de Labet et le contrôleur. IV. Après avoir entendu la messe, Monseigneur alla entre deux mars (mers), à la campagne de la dame son hôtesse, et il fit le tour du coteau et du bois de cyprès appelé Cenon, qui appartient au roi. Soupé avec le connétable. VI. Après dîner. Monseigneur alla à Lormont, à la chapelle Ste-Catherine, et s'y arrêta à l'hermitage. XVIII. Après dîné, Monseigneur alla à cheval avec le contrôleur à Saint-Seurin, et ils virent le procédé de faire le vin. Ils burent et se rendirent au bordeu de St-André et à la chapelle St-Denis, ou ils burent aussi. XXI. Dîné avec le contrôleur au château, avec le prieur de Saint-Martin, entre lequel et le frère Bernard, il y eut une grande querelle. XXV. Monseigneur fut voir le connétable, qui était très-malade, qu'il engagea à faire son testament, et qui mourut vers quatre heures. Monseigneur dîna et soupa au logis. XXVL Le soir, au château, pour le service funèbre du connétable, qui eut lieu de la manière suivante: d'abord pater noster; ensuite l'invitation Regem cui omnia vocant, venite, adoremus, venite, avec les versets ordinaires Gloria patri, Regem eternum. Enfin, trois psaumes, trois leçons avec les respons et versets et avec la prière Inclina et non plus. Le connétable avait emprunté de l'argent à Bernard de Garos, au mois de mai dernier et il avait fait un engagement de payer la somme audit Bernard, à la Saint-Michel. Cependant Bernard fit excommunier le connétable pour non paiement de cette somme trois jours avant la fête pour laquelle elle était due. XXVIII. Au couvent des Carmes le connétable fut enterré dans leur église on célébra pour lui la messe. Tous les effets du connétable furent saisis pour le roi. Huse avec ses compagnons et cinq domestiques de Monseigneur alla jusqu'à La Réole que le prétendu roi de France le Dauphin et d'autres nobles assiègent depuis long-temps. XXX. Dîné avec le régent.

Octobre

II. Dîné au logis avec le régent. Après dîné, le captal, le vicomte de Longueville et sir Lowez de Spoy vinrent et informèrent le régent, en présence de Monseigneur, que lorsque Gaillard Shorthose, maire de Bordeaux, reçut la lettre que le régent lui avait envoyée sous le sceau du sénéchal de Bordeant pour secourir la ville de Bergerac, il la lut et donna un coup de pied à son étrier, en disant devant tous les assistans, qu'il s'en souciait comme de ça. (Nota). La Collection Bréquigny, tome XXIX, contient des lettres patentes d'Henry VI, du 29 février 1433 qui nomment G. Shurtoise ( Shorthose ) maire de Bordeaux. Le nom de ce personnage indique assez son origine anglaise, et il parait qu'il ne perdit point la faveur du gouvernement britannique, car le 20 juin 1444, le roi d'Angleterre lui donna la terre de Biron et nous le retrouvons décoré du titre de Knight ( titre que rend très-imparfaitement le mot de chevalier ), dans un acte daté de janvier 1446 et inséré dans les Foedera de Rymer, t. XI, p. MS. Nous trouvons aussi que, le 2 mai 1431, il avait été nommé capitaine de Bergerac ; le 5 février 143S il fut nommé et le 5 avril confirmé seigneur de Génissac ; il signa la capitulation avec Charles VII) . IV. Après diner, Monseigneur alla chez le régent en revenant, il rencontra le maire à la porte du régent. Un peu après il rencontra le captal, le doyen de Saint-André, Bernard de Montferrand le greffier de la ville et autres. Le captal pria Monseigneur de retourner chez le régent, afin d'assister au conseil; il répondit qu'il n'y avait pas de conseil qui prit à cœur les intérêts du roi, et it retourna au logis. Cet après-midi, le doyen de Saint-André dit en plein conseil que si l'ennemi arrivait jusqu'à Bordeaux, il ne restait qu'à se soumettre au plus fort. On reçut de La Réole des lettres de Huse et de ses compagnons. VI. Monseigneur, d'accord avec le régent, envoya une lettre et quelques approvisionnemens de guerre à La Réole avec un moine pour entendre les confessions des Anglais qui ne parlaient ni le français ni le gascon, et un chirurgien pour soigner les blessés. VII. Le régent se rendit à cheval avec beaucoup de peine, car il est accablé d'infirmités, à Saint-Eloi ; persuada aux jurats et aux antres principales personnes de la ville d'envoyer des hommes d'armes à La Réole. En conséquence, ils firent partir, le soir, trente hommes d’armes et des archers, et dix hommes d'armes et des archers de Saint-Macaire. Le régent dina avec Monseigneur, le prieur de Marmande Louis Despoy, Tirel et le contrôleur. Monseigneur envoya une lettre aux capitaines et aux braves soldats formant la garnison de la tour de Saint-Thomas, à La Réole. VIII. Dîné avec N. Gremond ; soupé au logis avec le prieur de Marmande. La Réole fut prise d'assaut par les Français. IX. A dîner le prieur de Marmande et neuf domestiques du connétable. XV. Dîné avec le régent: XVII. Monseigneur écrivit au roi ; Pikbourn s'embarqua à sept heures du soir avec la lettre. (Dans cette dépêche, l’évêque mandait à Henry qu'après avoir pris Marmande, le roi de France y était resté trois semaines avec très-peu de troupes ce sorte que s'il y avait eu dans la Guienne quelques forces anglaises, on aurait pu le battre aisément. Ayant reçu des renforts, le roi de France avait attaqué et pris la ville et le château de Malvesin, et le 3 octobre il avait mis le siège devant La Réole, qu’il avait pris d'assaut au bout de sept jours, y faisant un grand carnage. Le château tenait encore. L'intention des Français était ensuite d’attaquer Saint-Macaire, Cadillac et Rions ; s’il n arrivait pas de prompts et d'efficaces secours, tout était perdu. L'évêque finissait en donnant la liste des villes que les Français venaient de conquérir. Avant son arrivée, ils s'étaient rendus maîtres de Clairac; depuis, ils avaient occupé Tonneins, Foylet, Caumont, Saint-Barthélemy, Gortault, Sainte-Bazeille, Couturez, Marceriz. Milan, Malvesin, Langon, Losseun, Tombabut, les châteaux d'Aymet, Clermont, Bonneville, Moncla, Montessart. Sursac, Cursonne, Masduran, Tewbount, Saint-Durdoine-sur-Pris, le Sauvetat de Reiver). (Nota). Nous copions cette liste sur le texte anglais. Tous ces endroits, parmi lesquels il en est à présent de bien insignifians, et dont les fortifications ont disparu, se retrouvent le long de la Garonne. XXI. Les navires arrivèrent aujourd'hui. XXII. A dîner, J. Tregoran, qui apporta des lettres d Angleterre. Edouard Hull arriva le soir, ainsi que le docteur de l'archevêque de Bordeaux ; on reçut une lettre du roi (dans cette lettre, Henry donnait avis qu'il envoyait son cousin de Sommerset avec des forces considérables.) (Nota). Le comte de Sommerset élevé à la dignité de duc, en 1443, fut nommé capitaine-général de l’Aquitaine, par lettres patentes d'Henry VI, du 14 juin 1443 (collection Bréquigny, t.XXIV). il ne remplit pas longtemps cet emploi, car il mourut le 27 mai 1444. XXIII. Dîné au logis avec le régent et Hull. Soupé au château avec Hull, qui loge dans la chambre de Cbipman, commis du château. XXVI. Le régent, Hull, le captal, son fils, Bernard Monferrant, Lonis Despoir, sir Guilamtim et un millier de personnes de Bordeaux et lieux voisins, avec 400 hommes des navires anglais allèrent jusqu'à la ville de Saint Lupe (Saint-Loubès), où les Français parcouraient le pays à pied et a cheval et les forcèrent à se retirer; durant plusieurs jours, les femmes du pays continuèrent de prendre des Français et de les amener prisonniers. XXX. Monseigneur alla au conseil qui se tint chez le doyen de Saint-André ; le canon des ennemis fut brisé aujourd'hui à la Réole.

Novembre

I. Dîné au logis avec J. Tregoran et Rokley. IV. Au château pour le conseil ; les seigneurs, les barons et les autres accordèrent certains hommes d'armes et archers pour secourir le château de La Réole. V. On apprit le matin que les gens de Saint-Macaire avaient, la veille au soir, pris trois bateaux venant d’Agen pour rejoindre les troupes françaises à La Réole et chargés de 20 futailles de pain avec sept hommes dont trois furent tués. VI. Diné chez le régent. Il y eut aujourd'hui une grande contestation entre le régent et le doyen de Saint-André. VII. A dîner le régent et Hervey, marchand de vin à Londres qui apporta une lettre. VIII. D. de Conak vint avec Rokley et avec le capitaine et le trésorier (bursarius) du navire le Chirchisship. X. Vers neuf heures, le régent et Hull avec 300 hommes d'armes et autant d'archers partirent pour Langon. XII. Diné avec Etienne de Brosses. La ville de Langon fut prise aujourd'hui ; Monseigneur écrivit au régent et à Hull une lettre pour faire l'application sens du verset : "Pacem tractabant et fraudes intus arabant". XIII. Chipman à dîner et à souper. XV. On reçut des lettres de La Réole, touchant la mort de J. Poyntour. XVII. Monseigneur alla le matin avec Etienne de Brosses, en bateau, autour de tous les navires et il ordonna à tous les capitaines de se rendre au château à une heure. Ils y vinrent à l'exception de deux ou trois. Monseigneur conféra patiemment avec eux au sujet des renforts, et, en conséquence, à une heure de la nuit, il partit trois bateaux pleins d'hommes armés. XVIII. Le sommelier ( pincerna) de l’évêque d'Exeter vint. XX. Monseigneur fit prévenir le régent à Saint-Macaire, afin que ses domestiques se tinssent hors du château de La Réole. XXIV. Le régent revint le soir de Saint-Macaire. XXIX. Au conseil à deux heures après midi. XXX. Monseigneur alla à Saint-André avec les seigneurs du conseil. Le sire de Conak partit de grand matin avec 300 hommes d'armes pour Sainte-Foy. Décembre II. Le sénéchal du Captal fut enterré aux Carmes; Monseigneur y alla à la messe. Il arriva quatre navires de Hull. IV. Monseigneur alla voir l’évêque de Bazas; il soupa avec le Sire de Conak et Rokley. VI. L'archevêque de Bordeaux arriva dans la soirée. VII. Le château de La Réole se rendit, ainsi que la ville de Monségur. VIII. Swillington arriva de La Réole avec les autres de la suite de Monseigneur, excepté Paynter, tué par une coulevrine. IX. Dans l'après-midi Monseigneur visita le navire l'Hélène de Londres. (Sur lequel il s'embarqua plus tard ce qui prouve que déjà son départ était résolu.) X. Monseigneur soupa avec le régent, Hull, Rok!ey, Savage et autres. XI. Le sire de Conak dîna avec Monseigneur. Au milieu du dîner, il prit congé et partit pour se rendre à Conak. Mortimer fut avec lui avec six chevaux de Monseigneur. Le château de Dort fut pris. XVL Dîné avec Bernard Angevin. XIX. Dîné avec le régent. XXI. Fête de Saint-Thomas. Dîné avec le régent, Hull, Swillington, Tirel et Savage. XXV. Jour de Noël. Le provincial des Carmes et le prieur de Marmande vinrent trouver Monseigneur. A souper, J. Skotte. XXVII. Dîné avec le prévôt de Saint-Seurin. XXtX. Le bailli de Lesparre vint trouver Monseigneur. XXX. A diner, Strangwygs, N.Elis et ses trois autres domestiques et le père Hugues. Le soir, Etin, Robert Savage et Robert, domestiques de Monseigneur, apportèrent des gauffres et des pommes. XXXL Monseigneur et Hull allèrent avant midi à Saint-André, et rendirent visite à l'archevêque. Monseigneur soupa avec Hull et, après souper, ils furent chez le régent, et ils virent là le Réveillon.

Janvier 1443

I. Diné au logis avec Hull, B. de Garos et le provincial. A souper le bailli de Lesparre. Le régent donna à Mgr pour étrennes … (deux mots indéchiffrables dans le manuscrit) ; Hull donna deux petits pots de gingembre vert. Mgr donna à chacun un chapeau écarlate. B. de Garos donna à Mgr du piment et des gauffres. La femme de Richard Gébris donna des pommes, et la dame de l'auberge donna un citron fixé sur une baguette de laurier avec un petit livre au milieu. III. A dîner, l'évêque de Bazas, le seigneur de Rosan et autres. V. Tous les objets furent apportés à bord du navire l'Hélène de Londres. VI. Dîné avec le captai, VII. Dîné avec le vicomte de Longueville. VIII. Diné avec le contrôleur. IX. Soupé avec le régent. Hull fut nommé connétable du château de Bordeaux. X. Le captal, son fils le vicomte, et l'évêque de Bazas vinrent prendre congé de monseigneur. Après diner, monseigneur fut chez le régent ; il prit congé de lui et de Hull, et se rendit aussitôt à la gabare. Il descendit la rivière et joignit la chaloupe du navire le Gabriel de Hull, dont le capitaine et dix-huit matelots reçurent monseigneur en ramant de la meilleure manière. Le soir, ils atteignirent le navire l’Hélène, en face du château de Notre-Dame. Le capitaine et les matelots reçurent de monseigneur 20 shellings pour leur salaire, et ils retournèrent à Bordeaux. Th. Est resta dans la gabare toute la nuit, avec le bagage de monseigneur, en face de Blaye. XI. Monseigneur entendit la messe dans une chapelle de Saint-Etienne, et alla à la ville de Notre-Dame où il dina. Le soir il retourna à bord : le capitaine du navire la Trinité, de Londres, fut élu amiral. XV. Au matin, les navires allèrent à la rade de Royan. XVII. On mit à la voile et on entra en mer. XIX. Vers midi, on entra dans le Raz ; le soir on gagna la rade de Crowdon (à une dizaine de lieues ouest de Quimper) où il y avait onze bâtimens flamands et cinq hollandais, et neuf s'échappèrent qui appartenaient, à ce qu'on dit, à la Bretagne. XX. Dimanche, monseigneur débarqua avec sa suite et alla à l'église de Crowdon, où il entendit la messe. Ensuite monseigneur mangea des huîtres à Crowdon. Tous les capitaines de navires dînèrent à bord avec monseigneur. Le soir, Monseigneur soupa à Crowdon. XXI. On mit à la voile à midi. XXIV. Tous les navires revinrent à Crowdon. Monseigneur fit une promenade dans la campagne et soupa à bord. Nous apprîmes qu'Arthur de Bretagne était fait conseiller de notre ennemi, le soi-disant roi de France et que Gilles, le frère du duc (de Bretagne), était avec lui. XXXI. Monseigneur soupa à Crowdon avec un marchand. Février II. Fête de la Purification. Monseigneur entendit la messe à Crowdon et soupa à bord. IV. Monseigneur dîna à Crowdon et fit une promenade. V. On mit à la voile après midi. Ouessant et Bellingier (Belle-Isle), sont de grandes îles. Nous apprîmes d'un Breton qui, huit jours avant, était à Plymouth, que sir W. Bonvile y était avec 4,000 hommes et 35 navires, et le Breton pensait que ces forces devaient être à Bordeaux même ou du moins bien près. VIIL Un oiseau vint le soir se percher sur la vergue. X. Monseigneur arriva vers midi à Fahnouth ; il se reposa chez le bailli. (La suite du journal indique minutieusement chaque endroit où l'on dine et où l'on soupe, jusqu'au 20 février où, après neuf jours de route, l'évêque rejoignit le roi à Maidenhead; le 21 il soupa chez le maire de Londres ; le 22, il est dans une auberge à Londres ; le 24, il déjeune dans son auberge et dîne avec le chancelier ; le 25, il rejoint le roi).

2 . Notes du traducteur de 1842

sur l'amiral d'une flotte marchande

On a vu que les capitaines des navires réunis à Crowdon avaient é)u un amiral . C'était alors l'usage pour les bâtimens marchands de se réunir pour se protéger mutuellement, et l'on nommait pour diriger le convoi un capitaine auquel on jurait obéissance. Dans les Rôles du parlement tome IV, pages 85-86, on trouve un curieux document a cet égard. En 1415, le navire de Hull, le Christophe, fut à Bordeaux à l'époque de Pâques il prit « 260 tonelx de vyn et autres marchandises » ; par élection de tous marchands, maîtres et mariniers d'Angleterre présens, le Christophe fut élu « un des amirals de toute la f!ete », et lesdits marchands, maitres et mariniers « furent jurez », en présence du connétable de Bordeaux, « selonc l’ancien costume de tout temps là usée, que null departeroit de lour admiralx tanque à lour rivall en Engleterre ». On part, on rencontre des navires français; le Christophe est abandonné de ses compagnons : il se défend vainement, il cède au nombre, il est pris. Requête des propriétaires à Henry V ils demandent que les propriétaires des navires qui ont lâchement déserté leur poste au moment du danger, soient obligés à leur tenir compte de la valeur du navire et de sa cargaison ; leur conduite est une tache pour l'honneur national ; ils se sont sauvés « à la velany à toute la naveye d'Engleterre ». Réponse du roi qui ordonne au chancelier d'instruire l'affaire, avec pouvoir de faire mettre en prison ceux qui ont abandonné le Christophe et d'exiger de qui de droit de justes indemnités.

sur le salaires de l'équipage

Ajoutons qu'on trouve, dans le même recueil ( tome III, page 283 ), une pétition remarquable, datée de 1390, et faite par les armateurs anglais ; elle nous apprend que, durant le 14e siècle, les marins avaient coutume de prendre, « par lour travaill en niefs, par passer hors d’Angteterre vers Bordeaux, et pour retourner, vept soldz et le fraght d'un tonnell, et meistre Shipman sesze soulds et fraght de deux tonels a plus » (Huit sous et le fret d'un tonneau pour un matelot le double au capitaine ). Les marins s'entendirent ensuite et exigèrent des salaires excessifs ; les capitaines ne voulaient pas s'embarquer à moins de trois tonneaux de fret et vingt-quatre sous ; plusieurs allaient jusqu'à demander cent sous. Les propriétaires de navires demandèrent qu'on défendit ces coalitions funestes « à la navie d’Engleterre , et qu'on autorisât les « mairs et bailiffs » des ports de mer à châtier les délinquans, sur la requête de celui qui aura à se plaindre d'eux. La réponse de Richard II ne sanctionne pas d'aussi arbitraires mesure, elle est sage mais elle ne tranche rien et laisse la difficulté sans solution : « Le Roi voet charger ses admiralx d'ordeigner que les mariners preignent resonablement por lour service et travaill, et de les punir s’ils faunt à l'encontre ».
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