Bordeaux Aquitaine Marine
La bigue flottante de 300 tonnes
par Adrien Etcheverry
Construite en Hollande en 1930 par le chantier WERGUSTO, elle arrivera à
Bordeaux le 9 août 1930 et sera mise en service le 23 septembre 1930.
Ses caractéristiques sont les suivantes :
• Longueur 41 mètres
• Largeur avec bourlingue 19,07 mètres
• Chaudière timbrée à 8 kg d’une contenance de 17 tonnes
• Puissance de la machine 150 cv
• 2 palans de 225 tonnes avec un guindant maxi de 18 mètres
• 1 croc de 5 tonnes
Cette bigue flottante nécessite la présence de deux remorqueurs pour ses déplacements mais également pour les mouillages de ses ancres de
l’arrière, la mise en place de ses écarts voir même le mouillage de ses ancres de l’avant. Sur son pont avant, outre le guindeau, deux treuils avec
des tambours pouvant recevoir des câbles en acier pour certaines manœuvres en travers du courant. Sur le pont arrière, il n’y a que le guindeau
de manœuvre des deux ancres.
Ses premières utilisations seront pour la mise en place des énormes
piles-colonnes de 270 tonnes du môle d’escale du Verdon. D’autre part,
sa hauteur sous crochet est tout de même limité à 16 mètres ce qui
l’oblige à faire ses manœuvres à la pleine mer pour la mise en place des
piles-colonnes d’une hauteur de 26 mètres. De plus, ce lieu est sujet à la
houle ce qui compliquait les diverses manœuvres.
Dans la nouvelle configuration on peut soulager un colis de 250 tonnes à
26 mètres de hauteur au lieu des 16 mètres dans la configuration 300
tonnes. De plus, un nouveau palan de 75 tonnes a été rajouté en haut
de la fléchette ce qui permet de monter cette charge à 49 mètres de
hauteur. Elle devient intéressante pour travailler sur les navires où elle
peut prendre des colis et les débarquer sur le quai et vis versa. De plus,
sa fléchette peut basculer (avant de prendre une charge) de 5, 10 ou 15
degrés. Cet avantage de fléchette qui peut basculer permet de
travaillDans la nouvelle configuration on peut soulager un colis de 250
tonnes à 26 mètres de hauteur au lieu des 16 mètres dans la
configuration 300 tonnes.
De plus, un nouveau palan de 75 tonnes a été rajouté en haut de la
fléchette ce qui permet de monter cette charge à 49 mètres de hauteur. Elle devient intéressante pour travailler sur les navires où elle peut
prendre des colis et les débarquer sur le quai et vis versa. De plus, sa fléchette peut basculer (avant de prendre une charge) de 5, 10 ou 15
degrés. Cet avantage de fléchette qui peut basculer permet de travailler sur certains navires qui ont une coque très haute sans que, au
démâtage, les deux bras de la flèche principale viennent buter sur le pavois du navire.
Elle sera mise en service en 250 tonnes le 23 novembre 1951 et portera par la suite le nom de FRANCOIS LEVEQUE. Elle va rendre de nombreux
services dans le relevage de morceaux d’épaves se trouvant dans la rivière, débarquement ou embarquement de lourds colis sur les navires,
montage de nouvelles grues, etc. En 1952, avec sa nouvelle mature, la bigue FRANCOIS LEVEQUE va permettre de sortir quelques tronçons des
navires coulés par les allemands en 1945 pour élargir le chenal de navigation par le travers de Lagrange.
Un tronçon de navire coulé en 1945 relevé La bigue flottante FRANCOIS LEVEQUE remonte l’ESTIA. La FRANCOIS LEVEQUE assurant le
par la FRANCOIS LEVEQUE. montage de la Caillard 35/50 t à la
Forme 3
La FRANCOIS LEVEQUE avec l’arrière Le GHANAKUST avec des remorqueurs de l’URO en octobre 1958 L’arrière du GHANAKUST en pendant
d’un navire découpé. sous les deux palans de 250 tonnes
de la bigue FRANCOIS LEVEQUE
Le 22 décembre 1958, le navire M/S BELEM qui transporte pour le Port de Bordeaux un stator de 165 tonnes construit à Jeumont et destiné à
l’électricité de France, accoste à Bordeaux Bassens. Ce sera la bigue flottante FRANCOIS LEVEQUE du P.A.B. qui permettra cette opération
exceptionnelle d’enlèvement du stator de la cale du BELEM. Ce colis exceptionnel avait attiré à Bassens Aval face au hangar 90, une foule de
photographes et de nombreuses personnalités.
Le 1er octobre 1958, le M/V GHANAKUST (pavillon Hollandais) entre en collision avec le M/V MONTE URBASA (pavillon Espagnole) par le travers
du Bec d’Ambès sur la Garonne. Le M/V MONTE URBASA qui est l’abordeur peut revenir sur Bordeaux mais le M/V GHANAKUST qui a une
énorme brèche dans sa coque, coule immédiatement. A la basse mer, une bonne partie de sa cargaison de divers (cela va des voitures aux
postes de télévisions en passant par des centaines de vélos, etc.) pour l’Afrique Noire.
Le 24 novembre 1961, le remorqueur ESTIA des Tuyaux Bleus en manœuvre de remontée de la Garonne avec sa remorque sur le navire, s’est
retrouvé en travers et a chaviré entre Lormont et Queyries. Cet accident avait fait deux morts sur l’ESTIA. Ce sera la bigue flottante FRANCOIS
LEVEQUE qui passera les élingues sous l’ESTIA et le sortir de l’eau de la Garonne.
En 1964, la Forme n° 3 de Bassens est mise en service. Ce sera la bigue flottante FRANCOIS LEVEQUE qui assurera le montage de la grue Caillard
de 35/50 tonnes. A partir de 1973, arrivent sur le quai de Bassens, les grues Caillard de 15/24 tonnes et les 10/12,5 tonnes. Ce sera la bigue
FRANCOIS LEVEQUE qui assurera leur assemblage.
En 1974, une nouvelle drague porteuse est en commande aux chantiers Dubigeon-Atlantique de Nantes pour le dragage de la rivière de
Bordeaux aux Passes de l’Ouest. Son port d’attache sera LE VERDON et son nom sera FRANCOIS LEVEQUE. La bigue flottante va quitter son nom
de FRANCOIS LEVEQUE pour prendre celui de QUEYRIES.
La bigue flottante QUEYRIES va être utilisée en 1982 pour l’assemblage à Bassens Aval des énormes grues Ceretti et Tanfani de 15/25 tonnes
mais également pour le déplacement des nombreuses grues Caillard de 3/6 tonnes qu’elle peut prendre complète (portique avec
cabine/flèche).
En 1985, elle va renflouer le bateau des pompiers de Bordeaux le Commandant Fillaud coulé côté rive droite en face des Quinconces. En 1986,
elle sera présente à Pauillac-Trompeloup pour charger sur navires des éléments de la raffinerie de Shell pour être envoyés à Berre en
Méditerranée. En 1986, elle va transférer, d’un navire sur une barge des énormes poutres et autres matériels pour la centrale nucléaire de
Golfech.
Le 14 avril 1987, la bigue flottante QUEYRIES prend en pendant sur son palonnier de 250 tonnes et son palan de 75 tonnes la grue Caillard 2,5/6
tonnes (120 tonnes) au quai des ateliers à Bacalan pour la déposer à Bassens Aval. Pendant la manœuvre d’évolution pour la dépose sur le quai,
la grue Caillard a pivoté autour de son élingage envoyant sa flèche avec la cabine dans la rivière. Seul le portique est resté un pied sur le quai et
les trois autres dans le vide au dessus de l’eau et coincé contre la poutre tribord de la flèche de la bigue flottante QUEYRIES. Après avoir réussi à
libérer la bigue du portique on pouvait voir les nombreuses déformations des cornières du treillis de la poutre tribord de la flèche.
Devant l’importance des travaux pour reconditionner l’ensemble de la flèche, les services techniques du Port Autonome de Bordeaux ont
préféré la désarmer. Il faut dire que cette bigue demandait énormément de personnel pour l’utiliser. A bord, tous les treuils sont à vapeur. Les
deux guindeaux avant et arrière, les 4 treuils d’écarts et les deux treuils de levage de 250 et 75 tonnes. Cela demandait en permanence 8
personnes à leur poste de manœuvre plus, un cuisinier et un capitaine cela faisait 10 personnes. Pour pouvoir se déplacer, il était nécessaire
d’avoir deux remorqueurs ce qui portait l’ensemble des équipages bigue-remorqueurs à 20 personnes. Tous les déplacements de la bigue
QUEYRIES devaient être programmés à l’avance pour avoir l’assistance des remorqueurs. Ce qui devenait de plus en plus compliqué tant du côté
du personnel des Dragages du P.A.B. que celui de l’U.R.O. qui devait servir de Bordeaux au Verdon.
Après deux années passées aux bassins à flot n° 1, elle quittera Bordeaux en 1989 pour l’Espagne où elle sera démolie. C’est tout un pan
d’histoire pour les dizaines de membres d’équipages qui ont servi à son bord, avec des milliers d’opérations commerciales de quelques dizaines
de tonnes aux possibilités maximums de 300 tonnes à une période puis à 250 tonnes dans la seconde partie de sa vie.
Dernier Certificat de Classification Machines du Bureau Veritas. Dernier Certificat de Classification du Bureau Veritas pour sa
coque
On pourra lire que sa chaudière construite à Bordeaux par la Société Dyle et Bacalan en 1914 était celle récupérée sur la drague à godet n° 6
démolie à la fin des années 70