Bordeaux Aquitaine Marine

Le port de Bordeaux en 1859

extrait du DICTIONNAIRE UNIVERSEL THÉORIQUE ET PRATIQUE DU COMMERCE ET DE LA NAVIGATION – Paris -1859 (p359)

Vue de Bordeaux par Antoine Heroult, en 1850

La quatrième ville de France, sous le rapport de la population, la troisième pour l'importance du commerce maritime; elle est située sur la rive pauche de la Garonne, à 121 kilom. de l'Océan, par 44° 50' de lat. N., et par 2° 54' de long. O. Sa population, qui tend à s'accroître avec rapidité, était, lors du recensement de 1850, de 149,935 hab.

Voies et moyens de communication.

La Garonne est un grand fleuve dont la profondeur,

quoique en certains endroits diminuée par les bas-

fonds, permet à des navires d'un très fort tonnage

d'arriver tout chargés jusque devant les quais de la

ville; elle reçoit la Dordogne, le Tarn, le Lot et ces affluents lui donnent une communication par eau avec une vaste étendue de

pays. Le canal du Languedoc et le canal latéral à la Garonne ouvrent avec la Méditerranée des relations faciles ; mais ces voies de

transport ont bien perdu de leur importance depuis l’établissement des lignes ferrées. Le chemin d'Orléans met Bordeaux en

contact avec Paris et avec l'immense système qui rayonne autour de cette capitale; le chemin de Rayonne touche presque à la

frontière; et plus tard, se reliant au chemin del Norte, il ouvrira aux envois bordelais l'accès de toute la Péninsule.

Le chemin du Midi arrive jusqu'à Cette et promet à Bordeaux une part importante dans les expéditions de la Méditerranée pour

l'Angleterre et le nord de l'Europe, ainsi que dans celles qui suivent le courant opposé; le chemin du Grand-Central procurera à

Bordeaux l'accès de Lyon, de l'industrieuse Alsace, de la Suisse. D'autres lignes viendront sans doute plus tard se joindre à celles-ci ;

le réseau pyrénéen, la ligne de Nantes à Bordeaux à travers la Vendée et la Saintonge se réaliseront un jour; et une part importante

est acquise à Bordeaux dans la création des services transatlantiques.

La ligne du Brésil est attribuée moitié à ce port, moitié à celui de Marseille. Une grande et belle perspective s'ouvre donc devant le

commerce déjà fort considérable de cette capitale du sud-ouest de la France. Bordeaux est le centre de diverses lignes de

paquebots: une ligne fonctionne entre ce port et Rotterdam, avec départ tous les vingt jours ; une autre avec Londres, départ tous

les quinze jours. Des clippers avec l'Australie ont un départ tous les deux mois, et des navires à voiles avec la Havane, un départ par

mois ; une troisième ligne entre Bordeaux et le Mexique fait sortir un navire chaque mois. Le service des porteurs maritimes,

paquebots à hélice, fonctionne entre le Havre et Bordeaux, en touchant à Morlaix. D'autres lignes sont en voie d'organisation.

Le port.

La rade de Bordeaux décrit un demi-cercle; les bâtiments rangés devant les quais qu'ils accostent sur quelques points, et dont ils se tiennent à peu de distance sur quelques autres, y trouvent un excellent mouillage. La Bourse et la Douane, placées sur le bord du fleuve, forment à peu près le centre de cette longue ligne qui comprend, à une de ses extrémités, le faubourg des Chartrons, centre du commerce des spiritueux et des vins ; à l'autre, le faubourg de Paludate, où les céréales sont entreposées. En face du centre de la ville, et réunie par un magnifique pont en pierre, s'élève la commune de la Bastide, qui n'a point d'importance commerciale, mais qui doit à l'établissement de la gare du chemin de fer d'Orléans un accroissement notable dans sa population jadis insignifiante.

Le port en 1850

Quelques bas-fonds, quelques passes,que les gros navires ne franchissent pas sans difficultés, rendent parfois la navigation assez lente pour les navires à voiles entre Bordeaux et la basse Gironde ; mais grâce à des remorqueurs à vapeur, — il existe en ce moment deux services se faisant concurrence pour cet objet, — les bâtiments peuvent, en quelques heures, et avec la plus grande facilité, triompher des obstacles qui les embarrassaient jadis. La profondeur de l'eau est d'ailleurs suffisante pour que des navires d'un tirant d'eau de 3 mètres ¼ puissent toujours, en profilant des marées, franchir les passages les plus difficiles. Des travaux importants ont déjà été exécutés pour améliorer les passes de la Garonne et de la Gironde ; (on sait que le fleuve prend ce nom lors de sa jonction avec la Dordogne) j d'autres sont projetés. On s'occupe également de donner au service des remorqueurs une extension qui fournirait, pour sortir de la Gironde et s'avancer dans le golfe, des moyens nouveaux aux bâtiments à voiles, retenus parfois assez longtemps à l'embouchure de la rivière par des vents contraires qui ne leur permettent pas de prendre le large. En un mot, rien n'est négligé pour que le port de Bordeaux, obéissant à la loi du progrès qui se manifeste partout, offre à la navigation et au commerce toutes les facilités qu'on est en droit de réclamer. Depuis plusieurs années il est question de créer des docks ; et diverses combinaisons, destinées à amener la réalisation de ce puissant moyen d'activer les affaires, sont, de la part des corps administratifs, l'objet d'une étude sérieuse. Le commerce maritime, les importations des denrées coloniales, l'expédition des vins récoltés sur le territoire du département, telles sont les principales branches de négoce dont Bordeaux est le théâtre.
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